Les chercheurs français vont bénéficier de 73 millions d'euros pour travailler sur la frugalité et la confiance dans l'IA
L'Etat a décidé de lancer un nouveau programme de recherche et équipements prioritaires (PEPR) sur l'intelligence artificielle. Doté de 73 millions d'euros sur six ans, il doit permettre de faire émerger des technologies de rupture et de lever les verrous au déploiement de l'IA.
La recherche se structure autour de l’intelligence artificielle. Piloté par le CEA, le CNRS et l’Inria, un programme de recherche (PEPR) dédié à l'intelligence artificielle vient d'être lancé le 25 mars. Doté d’un budget de 73 millions d’euros sur six ans, celui-ci doit renforcer l’écosystème de recherche et d’innovation afin de faire émerger des technologies de rupture. Le projet doit aussi permettre de lever les verrous au déploiement de l’IA en allant jusqu’aux preuves de concept (PoC).
Le lancement de ce PEPR s'est fait depuis Grenoble (Isère), l’un des territoires français du numérique. Il s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale d’accélération sur l’IA et doit coopérer avec les structures existantes comme les Instituts 3IA, les réseaux de recherches et les éventuels groupes de travail existants. Le PEPR doit avoir une dynamique interdisciplinaire.
Jusqu'aux fondements mathématiques de l'IA
Ce programme se concentre sur la recherche autour de trois axes : l’IA frugale et embarquée, l’IA de confiance et distribuée, les fondements mathématiques de l’IA. L’axe de recherche sur l’IA frugale et embarquée vise notamment à limiter le recours au cloud. Cela passe par le développement de nouvelles techniques d’optimisation des modèles et de production de code embarqué, l’adaptation des architectures aux besoins des calculs pour l’IA, et l’intégration de nouveaux modèles de calcul bas niveaux.
En parallèle, des recherches sont menées pour définir les fondements de la robustesse et de la fiabilité. Cela consiste à spécifier en amont ce qui est attendu des systèmes et fournir des outils pour les contrôler a posteriori. Des chercheurs vont se pencher sur la confidentialité des données ou la réutilisabilité des modèles. Enfin, le dernier pan consiste à inciter l’écosystème de recherche en mathématiques à se tourner vers la construction et l’analyse des fondements des systèmes d’IA.
Attirer les talents dans la recherche publique
Ce programme vise à remettre la recherche française sur le devant de la scène en l’aidant à jouer un rôle de premier plan dans les nouveaux paradigmes de l’IA. En particulier face aux américains qui surfent sur une bonne communication. «Ce PEPR est l’aboutissement d’un long travail débuté il y a plus de deux ans afin de cartographier les projets de recherche en IA», ajoute Bruno Sportisse, PDG d’Inria. Environ 250 dossiers de candidatures ont été reçus par les coordinateurs du PEPR, étudiés et filtrés. Neuf projets ont été retenus avec une multidisciplinarité importante.
Bruno Sportisse évoque l’article scientifique «Choose your weapon: survival strategies for depressed AI academics» dans lequel les auteurs se questionnent sur le positionnement de la recherche publique. Dans le secteur de l’IA, celle-ci fait face à la concurrence de laboratoires privés financés très largement par des entreprises - à l'image de Kyutai lancé à Paris par trois milliardaires - ou des personnalités de premier plan. Pour accéder aux talents et aux ressources, notamment l’infrastructure de calcul, la recherche publique doit se différencier. Cela passe par le fait d'avoir «un vrai positionnement sur les fondements et la compréhension de l’IA, l’évaluation des modèles et de leur impact sur la société», liste Bruno Sportisse. Ainsi qu’une ouverture vers l’écosystème industriel européen intéressé par des alternatives aux solutions des grands acteurs américains et chinois. Le soutien à la recherche dite à risque est aussi primordial. Pour que les français soient les premiers sur la prochaine technologie d’IA à faire le buzz.
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