Tribune. L’élévation, le 22 mai, de Guillaume Rozier au rang de chevalier de l’ordre national du Mérite est une bonne nouvelle pour l’innovation citoyenne, qui appelle à aller plus loin dans la reconnaissance du rôle qu’elle doit jouer dans la production du service public.
En créant CovidTracker et Vite ma dose, Guillaume Rozier, ingénieur de 25 ans, et les bénévoles qui l’ont accompagné ont indéniablement contribué à l’effort national de lutte contre la pandémie. Cette décoration met en lumière le rôle que des entrepreneurs citoyens peuvent jouer pour améliorer les services publics, voire en créer de nouveaux. CovidTracker a permis de faciliter l’information officielle du grand public et des médias sur l’évolution de la pandémie. Quant à la plate-forme Vite ma dose, elle contribue à faciliter l’accès à la vaccination, et complète utilement le marché passé entre l’Etat et plusieurs plates-formes de prises de rendez-vous.
Reconnaissance symbolique
La crise sanitaire a été un catalyseur d’initiatives citoyennes de ce type. Citons Covidliste, qui lutte contre la perte de doses de vaccin et a permis de générer près de 30 000 vaccinations, ou encore Briserlachaine.org, plate-forme développée par l’ONG Bayes Impact qui permet à chaque citoyen d’identifier et d’alerter ses cas contacts, sans recourir à la géolocalisation, ni stocker de données personnelles. Repérée et intégrée par l’Assurance-maladie, cette plate-forme a permis d’identifier plus de 1,6 million de cas contacts depuis novembre 2020
Il serait dommage que ces initiatives citoyennes, médiatisées par la crise, ne reçoivent de la part de l’Etat qu’une reconnaissance symbolique. Elles dessinent en effet une voie qui doit inciter celui-ci à repenser la façon dont il encourage et intègre l’innovation de service public. En plus de s’appuyer sur l’innovation du secteur marchand par la traditionnelle commande publique, l’Etat a, ces dernières années, renforcé sa capacité d’innovation interne, avec la création de structures comme Etalab, ou les start-up d’Etat, qui ont donné lieu à plusieurs projets d’innovations notables.
Cependant, rien n’existe pour institutionnaliser la relation de l’Etat avec les innovations citoyennes d’intérêt général, sorte de troisième voie. En effet, si elles n’ont pas vocation à remplacer l’action de la puissance publique, les innovations citoyennes la complètent pourtant, en apportant une agilité dans l’innovation que l’on ne peut attendre intégralement de l’Etat.
Un chemin ardu
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